Entre Normandie et Anjou, dans un pays de pierres et de rivières, après la guerre de Cent Ans, on se hâta de tout restaurer ou renouveler. Nobles et bourgeois construisirent ces manoirs à tourelle, à portes ogivales, à croisées ornées de meneaux et de moulures prismatiques qu'on voit encore aujourd'hui en grand nombre. Dans le paysage rural des bords de Mayenne, les manoirs se distinguent par leurs volumes imposants et par leurs formes architecturales originales, la tour d’escalier, le pavillon ou bien encore les lucarnes ornées sont des éléments qui marquent significativement le paysage. Héritées du modèle féodal médiéval, certaines caractéristiques de la demeure seigneuriale sont conservées jusqu'a nos jours.
Le manoir des grands Essarts s'inscrit dans cette histoire et surgit au creux d'une route proche de Martigné-sur-Mayenne.
Ce manoir date du XIIIe siècle. Henri des Essarts était maître et seigneur des lieux en 1312, puis ce fût Simon de Mondot de 1405 à 1416. Etienne de Mondot vend le domaine en 1445 à Patry Lebreton. Un peu avant 1458 et jusqu’en 1758, les Grands et Petits Essarts vont appartenir à la famille Bérault. En 1722, le domaine fût séparé entre deux héritiers, Marguerite Bérault et son frère Jean. Par la suite, la seigneurie et la terre des Essarts furent vendues le 12 mai 1758 à Nicolas Avrillé, négociant à Laval. La terre des Essarts, divisée par la suite, passe en 1804 aux familles Frin de Saint-Germain, aux Leclerc de la Provôterie, et par alliance à la famille Duchemin de Vaubernier. Ce manoir, va rester pendant les XIIIe et XIVe siècles, à usage de ferme. Plusieurs propriétaires se succèderont donc aux Essarts. Il y a quelques années, M. et Mme O’Neill, s’intéressent à ce manoir prenant l’eau de toutes parts. Des travaux importants de rénovation sont entrepris. Aujourd’hui, c’est une belle demeure. On peut remarquer, entre autres, la massive tour ovale qui abrite l’escalier sur l’arrière, le toit rénové à la Mansart qui existait déjà au XVIIe siècle et la bretèche à l’arrière du manoir.
Essarts (les Grands et les Petits-),f., cne de Martigné à 2.500 m. S.-E. du bourg, du côté de Châlons. — Henri des Sarz, 1312 (Bib. nat., fds fr. 8736). — Les Sars, 1388 (Arch. nat., P. 1334/1, f. 90). — Château (Jaillot). — Château et chapelle (Cassini). — Hébergement, fief, domaine et seigneurie avec étangs, bois de haute futaie, colombiers, relevant de Mayenne par les seigneurs de la Motte d'Aron et de la Courteille, et de Montsûrs pour le féage s'étendant en la paroisse de Châlons et annexé à Gresse en 1737. Ce dernier était estimé 8 ₶ de rente et l'hommage en fut cédé, après 1449, à la dame de Laval par l'abbé d'Évron. Les seigneurs, qui n'avaient que justice foncière au XVe s., possédaient d'après les aveux du XVIIIe s. haute justice relevant directement du roi.
A quelques lieues de Châlons-du-Maine, et de Martigné-sur-Mayenne, il y avait « un féage de Challon », vendu par le seigneur de Mondot (1387) à Patry Lebreton et que ce dernier céda, en 1449, à Simon Berault, sieur des Essarts. Ce féage, dit depuis « fief, justice et seigneurie d'Essart, alias Chalon, » était sans domaine ni château, ayant seulement « la coustume des marchandises, sçavoir est un denier pour beste et deux deniers pour chacun porc qui couche en la seigneurie la veille de la Saint-Jehan, et deux deniers pour pipe de vin vendue ». Catherine Berault, veuve de Gervais Gaultier, possède ce fief en 1600, 1605 ; Louis Cazet, sieur de Vautorte, en 1631. Le seigneur de Gresse en fit l'acquisition, de 1650 à 1680, et le relevait aussi de Montsûrs
Mouvance féodale de la Motte d’Aron (fief et domaine mouvant de Mayenne)
Histoire
Sauf indication contraire ou complémentaire, les informations contenues dans cette section proviennent du Dictionnaire historique, topographique et biographique de la Mayenne[2][réf. incomplète].
Il s'agissait d'un fief et domaine mouvant de Mayenne, à charge de 8 jours de garde « à la maison de Roux et sur la grande porte du chasteau » avec les hommes du Fief-Communal. Le seigneur avait « droit de prinse, vengeance, justice à sang, droit de justice et seigneurie moyenne et basse, de mesure à blé et à vin ; droit de fondation de l'église de Martigné », sans toutefois que le baron de Mayenne soit en rien « inférioré » ; droit de litre au-dessous de celle du cardinal Jules Mazarin (1659), et nomination d'un des quatre sacristains de la paroisse.
On mentionne en 1549 « les maisons, mottes, douves, cour, jardins, vergers, garennes, meurgers et plesses défensables, bois de haute futaye de trente journaux », le moulin et étang de Belluet, le domaine de la Motte d'Aron, le « boscage du Verger », de 15 journaux, avec étang, la Guyardière, avec garenne et meurgers : — maison seigneuriale en 1659.
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La baronnie de Mayenne, devenu ensuite marquisat de Mayenne, puis duché de Mayenne, a été créé relativement tardivement. Historique :
Baronnie
La baronnie comprenait à l'origine les châtellenies d'Ernée, de Pontmain, de Gorron, Ambrières, Lassay et Villaines-la-Juhel. Les quatre dernières se trouvèrent distraites par suite de partages, et le domaine ne comprit plus que Mayenne, Ernée et Pontmain.
Marquisat
La baronnie est érigée en marquisat au profit de Claude de Lorraine, par lettres patentes de François Ier du mois de septembre 1544, enregistré le 7 septembre 1546. Il se composait de la réunion des terres, seigneuries et baronnies de Mayenne, Sablé et de la Ferté-Bernard, ainsi que des châtelleries d'Ernée et du Pontmain. Les lettres accordaient que le marquisat ne relèverait qu'à une seule foi et hommage, et que les appels de la justice seigneuriale de Mayenne seraient portés directement au Parlement de Paris[1]. Les Présidiaux d'Anjou et du Maine voulurent connaîtres des causes des habitants du marquisat, malgré les lettres patentes de 1544, mais ils en eurent le droit d'après l'Edit de 1551, mais Henri IV confirma plus tard le privilège du Marquisat de Mayenne de ressort direct au Parlement de Paris[2].
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